Jacques, un prénom qui a fait du chemin !

Le prénom du bon apôtre Jacques possède une descendance qui mérite d’être passée en revue.

– Issu de l’hébreu Iacobos, signifiant main au talon pour les kabalistes. Le premier Jacob de la Bible était le fils d’Isaac et ça commence donc par une histoire de pied et de boiterie. Mais on verra cela une autre fois si vous êtes sages. Vinrent deux Iacobos, parmi les apôtres du christ. Le prénom était déjà populaire à cette époque. Latinisé en Jacobus, il donna Jacques dans notre belle langue par l’intermédiaire de Jacomus.

– Les formes et dérivés de ce prénom très international sont innombrables et parfois surprenantes : Giacomo, Jacometti, Diego, Jácomo, Jaime, Jaume, James, Beljame, Jacobi, Jakez, Yaʿqūb, Yakov, Yankev, Hamish…
Limitons nous au français : Jacquet, Jacotte, Jaquot, Jacotin, Cotin, Coco, Jacou, Jacquart, Jacquier, Jacquin, Jaquenot, Quinet, Quinot, Quenel, Jacmart, Jaquemart, Jaquemin…
Si l’anglais Jack vient de John (Jean) c’est suite à une confusion entre Jean et Jacques. Jim est aussi un dérivé britannique.
En Espagnol Sant Iago est devenu un cri de guerre en devenant Santiago, il a donné au passage Diego, Tiago, Yago et Jaime.

– Ce succès international s’explique en très grande partie par l’immense popularité de Saint-Jacques le Majeur et de son pèlerinage. Directement ou indirectement.
Par exemple le fameux club révolutionnaire des Jacobins doit son nom au local qu’il occupait : l’ancien couvent des Jacobins, frères dominicains installés à la sortie de Paris sur la route de Saint-Jacques pour accueillir les pèlerins. Le Frère Jacques de la chanson de Rameau en faisait sans doute partie.
Notons que dans la version espagnole on a le choix entre Martinillo ou Campanero (carillonneur) ou… Fray Santiago !
papamoscas_y_martinilloA rapprocher des jaquemarts qui sont des pantins qui sonnent les cloches dans les horloges de certains campaniles. Les jaquemarts de Burgos (photo) s’appellent justement Papamoscas et Martinillo.

– La très grande fréquence de ce prénom chez les rustres produisit d’autres expressions bien connues. La principale cause en est la révolte paysanne de 1357 dont le meneur se serait dénommé Jacques Bonhomme. D’où le terme de jacquerie pour nommer toute révolte paysanne. Le sobriquet de Jacques Bonhomme fut utilisé pendant des siècles pour exprimer du mépris envers un vilain niai. Et le Jacquet peut aussi bien être un pèlerin qu’un simple paysan de rencontre. Dans son roman, Le Roy appelle son héros Jacquou le Croquant.

freres-jacques Beaucoup plus récemment le Music-hall vit naître les Frères Jacques et le cinéma produisit l’insupportable Jacouille.
jacouille

Jacquet est aussi utilisé pour décrire la « robe » noire et blanche d’une vache comme celle des frères dominicains. Ici ou là l’écureuil était dénommé jacquet. La pie était nommée jaquette et le geai jaque. Une personne bavarde jacte comme une pie ( > jactance) ou jacasse (dérivé de jacter). La jaquette est à l’origine un habit de paysan qui rappelle celui de la pie… D’où la très bourgeoise queue de pie.
En Espagne on appelle son perroquet Yago, en France c’est Jacot qui toujours est content. Pour calmer une personne irraisonnable on lui dit « Fais pas le Jacques ! ». Un Maître Jacques était un cuisinier, un homme à tout faire. Chez les Espagnols Jaimito (diminutif de Jaime) est un personnage classique d’histoires drôles, l’équivalent de notre Toto national.
N’oublions pas l’anglais jockey, mot qui désignait un garçon d’écurie puis le postillon qui monte les chevaux. Or l’équivalent français de ce postillon n’est autre que le jacquet. D’où le jeu de jacquet, aujourd’hui passé de mode, comme le prénom d’ailleurs…


Laisser un commentaire